mercredi 16 février 2011

St Valentin (2)

Chose promise, chose due, voilà toute l'histoire de la St Valentin. Pour bien comprendre l'origine des choses, remontons un peu le temps, quelques siècles plus tôt...

Nous voilà dans la Rome antique. Le Colisée est là, intact, et on y joue tous les soirs à guichet fermé "Danse avec les lions". Berlusconi n'a pas encore fait parler de lui et le latin est encore une langue vivante...
Dans les rues, la foule est en liesse, on est le 15 février et comme chaque année, les prêtres de Lupercus (mais si, le dieu de la fertilité) ont sacrifié des chèvres et peut-être bien aussi une jeune vierge au passage... A présent, ils courent bourrés et en petite tenue dans les rues, effleurant au passage les bons citoyens de peaux de biquettes sanguinolentes.
Jeune mariée, Tullia n'aurait manqué pour rien au monde ces lupercales, elle se place sur le passage des prêtres afin d'être touchée par la peau de biquette : elle veut donner au plus vite un héritier à son époux.
Pendant le banquet qui suit, les jeunes filles notent leur prénom sur un parchemin qu'elles placent dans une jarre. Les jeunes romains célibataires piochent ensuite chacun leur tour un prénom, et se voient attribuer une compagne pour la soirée. Junon veillant au grain, quelques couples se forment ainsi. Comme quoi sur un malentendu, ça peut toujours marcher...

Autres temps, autres époques, autres croyances. Nous sommes au Moyen-Age.
Les dieux romains ont été gommé pour laisser la place à un Dieu unique. Pour permettre la transition, les prêtres ont eu l'idée lumineuse de remplacer les festivités dites païennes par des fêtes célébrant un événement religieux ou un saint.
Pour garder le côté souffrance des sacrifices, un certain pape Gélase 1er (et oui!) attribue à trois saints martyrs, tous prénommés Valentin (le nom fait le martyr?) le 14 février comme jour de fête.
Et comme le peuple aime à s'amuser,  il faut le distraire!
Des traditionnelles lupercales romaines, on conserve l'idée de former des couples.
Les villageois(e)s festoient et organisent des parties géantes de cache-cache. Le principe est le suivant : toutes les Cunégonde, Marie et Gertrude du village allaient se planquer puis les Tancrède, Enguerrand et autres Baudouin célibataires partaient dénicher les donzelles. La trichade était de mise pour les plus finauds qui s'entendaient à l'avance sur une cachette.
Les couples ainsi formés se mariaient dans l'année.
La St Valentin était alors la fête des célibataires.
Mais ce que l'histoire ne dit pas, c'est que Cunégonde, pauvre enfant au visage ingrat qu'on surnommait "la Boiteuse", attend encore dans sa cachette l'arrivée d'un bougre de célibataire...

Enfin, en comptant large depuis un bon siècle environ, la St Valentin a muté pour passer de la fête des célibataires à la fête de l'Amour puis à la fête des amoureux.
Il est de bon temps au début du siècle (dernier) de s'envoyer des petits mots tendres (toujours trés pudiques), et selon les régions de procéder à des offrandes champêtres : fleurs à signification diverses, branches décorées, chemins de feuilles à proximité de la maison de la dulcinée.
La laïcité détourne à nouveau cette fête de son caractère pseudo-religieux, les moeurs évoluent, les messages deviennent moins pudiques et les commerçants s'engouffrent dans le créneau.
Et là, c'est mon le drame!

Parce que quand je vois que même le magasin d'informatique en bas de chez moi affiche une vitrine toute ornée de coeurs et de rouge, j'ai envie de crier: "Rendez-nous nos lupercales! Que des hommes à moitié nus munis de peaux de chèvre nous poursuivent dans la rue!"
Certain(e)s apprécieront certainement, j'en suis sûre...
Mais moi je dis ça...

1 commentaire:

  1. Rendez-nous nos lupercales! Que des hommes à moitié nus munis de peaux de chèvre nous poursuivent dans la rue!" j adore. Vraiment je suis fan

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